Dans quinze ans, croiser une voiture à essence sur l’asphalte relèvera presque de la rencontre archéologique. Les moteurs grondants feront figure de curiosités, relégués aux souvenirs de nos aînés, comme les cabines téléphoniques ou les bandes magnétiques. Pourtant, tandis que la vague électrique balaiera l’industrie, quelques irréductibles modèles tiendront bon, échappant à la disparition que tout semblait leur promettre.
Sur quoi miseront ces résistantes ? Un bricoleur de génie, une cote en flèche chez les collectionneurs, ou simplement l’habileté à contourner les règles des grandes villes ? 2035 ne transformera pas les routes en désert, mais en étrange galerie à ciel ouvert, où reliques et prototypes se frôlent au fil des feux tricolores.
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Plan de l'article
2035 : une date charnière pour l’automobile en Europe
2035, c’est le couperet. La Commission européenne et le Parlement européen l’ont gravé dans le marbre : le temps des voitures neuves à moteurs thermiques s’achève. Objectif : synchroniser l’industrie automobile européenne avec les ambitions climatiques de l’Accord de Paris. Les constructeurs automobiles devront bannir essence et diesel des catalogues, sous l’œil vigilant des institutions européennes et des États comme la France.
Ce virage bouleverse tout l’écosystème. Usines, sous-traitants, chaînes logistiques : tous accélèrent la cadence pour s’adapter à l’électrification. Les géants historiques et les start-ups de la mobilité sont projetés dans la même course.
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- Contrairement à une idée reçue, les moteurs thermiques ne s’évaporeront pas du parc automobile en une nuit : seuls les nouveaux modèles sont visés. Les voitures thermiques déjà en circulation continueront de rouler—au moins jusqu’à la prochaine restriction locale.
- La France comme d’autres pays multiplie primes, aides et bonus pour encourager la sortie du thermique, tout en musclant le réseau de recharge.
À Bruxelles, le débat fait rage : accorder ou non des dérogations via les carburants synthétiques ? Les constructeurs rêvent de voir survivre leurs modèles iconiques grâce à ces technologies, mais rien n’est gravé dans le béton. Le marché, lui, tangue au gré des annonces et de la géopolitique.
Quels critères détermineront la survie des modèles actuels ?
À l’horizon 2035, la route sera le théâtre d’une sélection naturelle automobile inédite. Les stratégies des constructeurs, les normes et, surtout, les usages concrets des conducteurs feront le tri.
La norme Euro 7 s’apprête à durcir la chasse aux émissions, poussant vers la sortie les plus anciens modèles thermiques. Mais ceux déjà immatriculés conserveront leur place, pourvu qu’ils décrochent une vignette Crit’Air adaptée. Or, dans les zones à faibles émissions (ZFE) qui poussent comme des champignons dans les grandes villes françaises, la tolérance s’amenuise chaque année.
- Les véhicules hybrides gagneront un sursis, leur technologie cochant partiellement les cases de la transition écologique.
- Les voitures électriques et, dans une moindre mesure, les modèles à hydrogène resteront les seuls à l’abri des restrictions croissantes.
- Quelques modèles d’exception, de Porsche à Ferrari, pourraient continuer à circuler grâce aux carburants synthétiques et à des passe-droits européens.
Le marché de l’occasion deviendra le refuge des irréductibles du thermique, même si la valeur de ces véhicules s’effritera. Prime à la conversion et aides à l’achat pousseront les automobilistes vers des choix plus sobres, tandis que la multiplication des bornes de recharge décidera du tempo de la mutation sur le terrain.
Panorama des voitures qui pourraient encore circuler demain
En 2035, l’uniformité n’aura pas droit de cité sur l’asphalte. La circulation mêlera des générations de véhicules, chacune portée par ses propres exemptions ou adaptations. Les voitures électriques brilleront en ville, mais la diversité s’étendra sur les routes rurales et les départementales oubliées.
- Les modèles électriques de dernière génération (Renault Zoe, Tesla Model 3, Peugeot e-208) afficheront une longévité record, portés par des batteries robustes et un réseau de bornes de recharge enfin à la hauteur.
- Les hybrides rechargeables tireront profit de leur double motorisation, mais devront s’aligner sur les seuils d’émission imposés dans les ZFE.
Certains irréductibles miseront sur le rétrofit électrique ou les carburants synthétiques pour offrir une seconde vie aux voitures thermiques. Des solutions coûteuses, mais encouragées pour les modèles de légende ou de collection. Les voitures de luxe profiteront d’un traitement de faveur, grâce à leur faible production et à l’usage de carburants alternatifs.
Sur le marché de l’occasion, les citadines essence récentes, les utilitaires diesel adaptés à de nouveaux carburants et les deux-roues motorisés garderont une clientèle fidèle, surtout dans les régions où la réglementation reste plus souple. Le paysage automobile se fragmentera, à l’image d’une France aux mobilités multiples.
Ce que ce bouleversement signifie pour les conducteurs et le marché
2035 chamboule la donne pour les automobilistes et secoue le marché automobile. L’appétit pour le véhicule électrique grimpe en flèche sur le neuf, mais sur le marché de l’occasion, l’incertitude domine : les derniers modèles thermiques cotent cher là où les bornes de recharge se font rares.
Les primes à la conversion et le bonus écologique réécrivent la carte des ventes, offrant une longueur d’avance aux constructeurs qui misent tout sur l’électrique (Renault, Peugeot, Volkswagen, Kia). Pourtant, la question du prix reste un obstacle de taille : batteries, matières premières et dépendance à la Chine alourdissent la facture, tout en rendant l’accès parfois incertain.
- L’autonomie réelle, mesurée par la norme WLTP, rebat les cartes. Tesla et quelques asiatiques dominent, tandis que les citadines européennes plafonnent sous les 350 kilomètres.
- Le maillage des recharges rapides laisse à désirer hors des grandes villes, freinant le passage généralisé à l’électrique.
Dans les ateliers, garagistes et assureurs se réinventent. L’entretien des électriques exige de nouvelles expertises, tandis que les incidents liés aux batteries bouleversent les barèmes d’assurance. L’emploi industriel se redessine, menaçant les bassins traditionnels mais ouvrant la voie à la filière batterie et au recyclage des matériaux.
La transition questionne l’impact global : du bilan carbone des batteries à la dépendance minière, rien n’est simple. Les conducteurs, eux, tâtonnent entre contraintes économiques, choix de technologie et nouveaux besoins de mobilité. Le paysage automobile de demain ? Un territoire mouvant, où chaque virage réserve son lot de surprises et d’opportunités.